Marion Wolff
Comment le stress génère-t-il toujours plus de stress ?

Dans une situation de stress chronique, certaines stratégies dites « inadaptées » peuvent être spontanément mises en place pour essayer de tenir sur le plus ou moins long terme : une alimentation réconfortante de type grasse et/ou sucrée, des substances stimulantes et/ou addictives (café, tabac, alcool, tranquillisants, etc), des comportements compulsifs (hyperactivité, manque de sommeil, agressivité, etc).
A terme, les stratégies « inadaptées » peuvent s’avérer lourdes de conséquences : problèmes de surpoids, d’addiction, augmentation de l’irritabilité, tensions relationnelles, risques accrus de certains cancers et de maladies cardio-vasculaires pour ne citer que les plus classiques. Ainsi, aux problèmes de santé déjà inhérents à un stress chronique en phase d’épuisement[1], se rajoute le stress supplémentaire généré par les conséquences des stratégies inadaptées, initialement sensées aider à mieux supporter le stress. Pour peu que les stresseurs initiaux perdurent, les stratégies inadaptées contribuent à un cercle vicieux de surenchère et le stress génère alors toujours plus de stress.
Cependant il existe également des stratégies de gestion du stress dites « adaptées » : ce sont celles qui n’enclenchent pas de spirale infernale mais initient plutôt une escalade de conséquences « vertueuses ». Il s’agit de stratégies de gestion du stress conscientes plutôt que compulsives, résultat d’un apprentissage et d’un entrainement, qui permettent d’acquérir des outils, de développer de nouvelles compétences susceptibles de rejaillir positivement sur de nombreux autres domaines de l’existence : identification des besoins, rééducation cognitive, gestion des émotions, meilleure connaissance de soi et de ses limites, alignement avec ses valeurs, etc).
Cela suppose néanmoins soit d’être conscient des dangers d’un stress trop intense sur la durée, soit d’être arrivé à bout… Ainsi le stress peut-être une opportunité pour développer de nouvelles compétences individuelles et socio-professionnelles. L’objectif n’est pas non plus de sur-adapter l’individu à un monde toujours plus stressant pour rester productif, performant et corvéable à merci mais d’éduquer, de former et de transmettre des compétences permettant de faire des choix justes et viables pour chacun quels qu’ils soient.
[1] « Troubles fonctionnels (migraines, symptômes digestifs, allergies, problèmes de peau) et maladies organiques (hypertension artérielle, cholestérol, infarctus du myocarde, maladies du tube digestif, polyarthrite, asthme, problèmes endocriniens). » C. Cungi, Savoir gérer son stress en toutes circonstances, Retz, 2003.